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Channel: biopic – Bulles picardes
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L’art d’Artemisia

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Artemisia, Nathalie Ferlut (scénario), Tamia Baudouin (dessin). Editions Delcourt, 72 pages, 15,95 euros. Sortie annoncée le 16 août.

Artemisia Gentileschi s’est faite un nom dans le monde de la bande dessinée avec le prix qui a utilisé son patronyme pour mettre à l’honneur le travail d’auteur(e)s féminines du 9e art. Ce biopic est l’occasion de comprendre les raisons de ce choix.

Elle fut la première femme peintre officiellement reconnue par l’Académie des Arts de Florence, en 1616. Elle fut, surtout, un modèle de volonté et de liberté dans un monde qui ne lui laissait ni l’une, ni l’autre.
Fille d’Orazio Gentileschi, peintre contemporain et connaissance du Caravage, Artemisia ne dut qu’à l’amour et à la reconnaissance – contrainte – de son père de pouvoir s’adonner à la peinture (art réservé aux garçons). A son grand dam, celui-ci, veuf et élevant seul ses enfants, est en effet forcé de reconnaître que sa fille est bien plus douée que ses deux garçons. Pour l’aider, il va prendre une décision lourde de conséquences en priant son ami Agostino Tassi de venir apprendre l’art de la perspective à Artemisia. Tassi va en effet déflorer la jeune fille, puis en abuser à de nombreuses reprises. Celle-ci souffre d’abord en silence avant de révéler la situation à son père, après que Tassi se soit enfui avec des tableaux. Le scandale devenu public va se transformer en procès à sensation.
A l’issue, Artemisia se mariera avec un époux amoureux, mais falot et s’établira à Florence. Elle assurera finalement le train de vie la famille grâce à la vente de ses tableaux. Avant de partir avec ses enfants et retrouver son père, pour sa dernière année, à Londres…

Symbole – légitime – de l’indépendance féminine, Artemisia revit ici dans un récit assez classiquement chronologique, après une introduction l’évoquant à travers les confidences d’une servante à Prudenzia (la fille d’Artemisia), lors d’un voyage hivernal précédant de peu leur départ pour Londres. Un voyage qui sert de fil rouge à l’album, permettant, ponctuellement, de compléter le récit par un autre regard sur le personnage.
Le dessin de Tamia Baudouin, jeune dessinatrice résidant souvent au Japon (d’où elle a retiré quelques influences graphiques) est fin, avec des personnages un peu outrées, et une jolie mise en couleurs.

Nathalie Ferlut, qui écrit ici pour la première fois une histoire pour un autre auteur, entend visiblement rendre hommage à cette grande inspiratrice des féministes. Elle y parvient bien sur le fond, en restituant la force de caractère du personnage. Et, déjà, en rappelant sa vie, pas forcément si connue que cela. Elle réussit un peu moins bien dans sa narration, qui manque un peu de rythme et se montre trop linéaire.
Mais cet album a les qualités indéniables pour être dans la prochaine sélection du prix Artemisia. Au-delà de son sujet et de son titre.


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